Les obligations vertes devraient battre de nouveaux records en 2025
- 10 février 2025
Par Johann Plé, Senior Portfolio Manager chez AXA IM
- Les obligations vertes devraient connaître une année 2025 record en raison des besoins de financement massifs liés aux objectifs de neutralité carbone.
- L’agenda politique de Trump et le mouvement anti-ESG aux États-Unis ne devraient pas avoir d’impact significatif sur la classe d’actifs dans son ensemble.
- Les émissions d’obligations vertes pourraient atteindre 600 milliards de dollars en 2025, et le cap des 1 000 milliards en incluant les obligations sociales et durables.
- Les investisseurs doivent continuer de prêter attention à la cohérence entre les projets financés et la stratégie de transition globale de l’émetteur.
Selon nos estimations, le marché des obligations vertes devrait battre de nouveaux records en 2025, notamment grâce aux besoins de financement massifs nécessaires aux objectifs de neutralité carbone.
En 2024, le marché des obligations vertes a surperformé celui des obligations traditionnelles de près de 2 % et a battu de nouveaux records d’émissions, qui ont atteint 447 milliards de dollars sur l’année1 . Cette dynamique a permis à l’univers des obligations vertes, sociales et durables d’égaler son précédent record d’émissions datant de 2021, et de dépasser de 17 % les volumes d’émissions enregistrés en 20232 .
Plusieurs éléments nous permettent d’être optimistes vis-à-vis du marché des obligation vertes en 2025, qui pourrait bénéficier de tendances structurelles et conjoncturelles au cours des prochains mois.
Davantage d’émetteurs et des besoins de refinancement
Dix années se sont écoulées depuis la signature de l’Accord de Paris. Ce point d’étape n’est pas anodin, car de nombreuses obligations vertes arriveront à échéance en 2025 et en 2026. Ce paramètre devrait agir comme un coup de fouet pour le marché, car cela signifie que de forts besoins de refinancement viendront s’ajouter aux volumes d’émissions observés traditionnellement chaque année.
Si le crédit devrait continuer à représenter plus de 50 % du marché, de nouvelles obligations vertes souveraines pourraient également venir occuper une place significative. En Europe, seuls la Finlande, le Portugal et la Grèce n’ont pas encore émis d’obligations vertes, bien que cette dernière ait mentionné cet instrument parmi les options envisagées dans le cadre de son plan de financement pour 2025. De plus, l’Union européenne, avec ses 250 milliards d’euros d’obligations vertes prévues dans le cadre de NextGen EU d’ici 2026, devrait figurer parmi les principaux émetteurs.
De nouvelles régions
L’Asie est une zone de développement à fort potentiel pour le marché des obligations vertes et pourrait en devenir une source de croissance solide, dans le sillage de l’Europe. La sophistication croissante en matière de finance durable, soutenue par la maturité de la réglementation régionale et le soutien des pouvoirs publics, pourrait entraîner une croissance importante du volume d’émissions dans la région, ainsi qu’un appétit accru de la part des investisseurs.
Du côté des Etats-Unis, et même si la dynamique du marché devrait rester modérée, nous sommes convaincus que les projets financés par des obligations vertes devraient perdurer, car la plupart des bénéficiaires des financements liés à l’Inflation Reduction Act sont des États républicains. Il est également important de souligner que si plusieurs grandes banques américaines ont quitté les alliances fondées autour de l’objectif commun de neutralité carbone, cette tendance ne devrait pas faire dérailler le marché des obligations vertes, celui-ci étant encore largement constitué d’émetteurs européens n’ayant pas renoncé à leurs engagements.
L’avance de l’Europe pourrait compenser les incertitudes aux États-Unis
L’Europe est resté le principal moteur de la croissance en 2024, représentant 60 % du volume d’émissions. Le volume d’émissions en provenance d’acteurs américains a quant à lui diminué, s’établissant à 8,5 % (soit la moitié de son plus haut historique), tandis que les émissions libellées en USD ont également fortement baissé (14 % contre 20 % en 2023)3 .
Le mouvement anti-ESG aux Etats-Unis se reflète dans le nombre croissant d’émetteurs locaux ayant cessé d’émettre des obligations vertes en 2024, preuve factuelle que l’ESG est actuellement en disgrâce dans cette région. Mais alors que cette tendance pourrait réduire les nouvelles opportunités, les investissements durables, stimulés par l’Inflation Reduction Act, ont continué de croître. Certains émetteurs américains ont donc cherché à dissimuler le caractère vert de leurs besoins de financement.
Si les émissions d’obligations vertes libellées en USD ont diminué, paradoxalement celles en obligations sociales durables libellées en USD ont augmenté. Les émetteurs américains ne sont pas les seuls à émettre en USD, les émetteurs des pays émergents, asiatiques en particulier, le font également. Ces acteurs semblent s’intéresser davantage que leurs homologues américains aux obligations sociales et durables, à l’image du Chili par exemple.
Obligations bleues et SLLB
Si les obligations vertes devraient demeurer le principal moteur d’émissions sur le marché des obligations vertes, sociales et durables, de nouveaux outils pourraient connaître un intérêt grandissant, à l’image des obligations bleues (liées à des projets maritimes ou océaniques) et des SLLB (Sustainability-Linked Loan Financing Bond). D’autres outils pourraient également émerger, à l’instar des green-enabling bonds (financement du développement de la chaîne de valeur nécessaire au développement de projets verts). Le marché des obligations labellisées continue d’évoluer, aussi bien en termes de régions que de secteurs.
Moins de confusion et des cadres d’analyse plus solides
La transparence et la solidité des cadres d’analyse des émissions d’obligations vertes, sociales et durables ont connu des améliorations significatives avec de multiples mises à jour au cours des deux dernières années, renforçant la crédibilité de ces obligations. Ces nouveaux cadres d’analyse renforcent les engagements en matière de transparence, de reporting et de vérification. Ils élargissent également le champ des catégories éligibles et ajoutent parfois un niveau supplémentaire de critères de sélection, à l’instar de la taxonomie européenne.
Le mois dernier, une entreprise italienne de service public a procédé à l’émission de 500 millions d’euros d’obligations vertes européennes à 10 ans4 , marquant la première émission d’EuGB, des obligations vertes alignées avec la nouvelle norme européenne entrée en vigueur en décembre 2024. Les recettes de cette émission financeront à 100 % des activités alignées sur la taxonomie européenne, en garantissant des critères de durabilité stricts. Cette première émission d’EuGB a fait l’objet d’une demande massive, de bon augure pour les futures occurrences. Il faut néanmoins souligner que la majorité des émissions corporate ont fait l’objet d’une forte demande cette année, entraînant une disparition des primes pour les nouvelles émissions.
Le système de vérification externe supervisé par l’ESMA renforce la crédibilité et l’intégrité des émissions EuGB. Plus généralement, la nouvelle norme européenne en matière d’obligations vertes fournit un cadre homogène qui renforce la crédibilité, la transparence et la confiance dans le marché obligataire durable, favorisant sa croissance et réduisant les risques de greenwashing.
Mais si un nombre croissant d’émetteurs intègrent la taxonomie européenne, cette réglementation demeure longue et complexe. Certains émetteurs pourraient éprouver des difficultés à démontrer leur conformité à certains des critères de celle-ci. Il faudra donc un certain temps avant que cette nouvelle norme soit pleinement assimilée.
Néanmoins, l’adoption de ces cadres d’analyse plus standardisés contribue à l’amélioration globale des résultats environnementaux. Nous constatons que les émetteurs s’engagent toujours davantage en matière de mesurabilité de leur impact environnemental, avec notamment des engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou l’amélioration de la prise en compte de l’impact sur la biodiversité. Nous observons également une tendance croissante à l’intégration des considérations sociales parallèlement aux considérations environnementales au sein des cadres d’analyse, favorisant ainsi une approche plus holistique du financement.
La confusion que la réglementation a pu induire au cours des dernières années devrait progressivement se dissiper pour laisser place à un marché des obligations vertes, sociales et durables plus solide et plus crédible, mais aussi plus accessible aux investisseurs moins expérimentés.
D'une manière plus générale, et même si la réglementation est aujourd’hui particulièrement robuste, nous recommandons toujours aux investisseurs de prêter attention à la cohérence entre les projets financés et la stratégie de transition globale de l’émetteur, qui reste la garantie minimale contre le risque de greenwashing.
L’Europe pourrait offrir les meilleures opportunités
L’univers des obligations vertes est plus exposé à l’Europe, où le contexte macroéconomique est favorable à de nouvelles baisses de taux par la Banque centrale européenne, qu’aux États-Unis qui sont confrontés à davantage d’incertitudes lié au contexte politique.
Le marché des obligations vertes bénéficie également d’une plus grande exposition au crédit, qui offre aujourd’hui un surplus de rendements, ainsi que de fondamentaux sains. Ce contexte devrait être particulièrement favorable, nous anticipons que le volume d’émissions d’obligations vertes pourrait s’approcher des 600 milliards de dollars en 2025. Le cap des 1 000 milliards de dollars d’émissions pourrait même être atteint en incluant les obligations sociales et durables.
L’effet conjugué des bonnes performances, de l’amélioration du cadre réglementaire, d’un contexte macroéconomique favorable et de niveaux de rendement proches de leurs plus hauts niveaux sur 10 ans5 devrait largement bénéficier au marché des obligations vertes en 2025.
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