L’évolution des marchés actions en zone euro en mars et les perspectives pour les semaines à venir
Gilles Guibout, responsable des actions européennes chez AXA IM, commente l’évolution des marchés actions en zone euro en mars et les perspectives pour les semaines à venir.
En mars, les craintes de voir l’épidémie de Covid-19 devenir une pandémie se sont confirmées. Les mesures de confinement se sont généralisées à travers le monde et ont transformé ce qui n’était initialement qu’une crise sanitaire en une crise économique majeure. Les interventions massives des Banques Centrales et des Gouvernements sont sans doute le meilleur moyen d’appréhender l’importance du choc attendu, tant elles surprennent par leur rapidité et leur importance.
Sur les marchés, la révision brutale des perspectives de croissance globale a, en début de mois, provoqué un véritable vent de panique sur l’ensemble des classes d’actifs. Les investisseurs ont procédé à une liquidation massive de leurs positions, provoquant ainsi l’une des plus fortes baisses jamais enregistrées sur les marchés actions avant finalement de se reprendre quelque peu à la suite des annonces des mesures de soutien.
Dans cette phase, seuls le dollar et les obligations américaines semblent faire office de valeur refuge. En Europe, l’abandon temporaire des règles budgétaires et du dogme du zéro déficit en Allemagne ne parviennent pas à masquer le retour des tensions entre les pays du Nord et du Sud, tensions qui se traduisent par une remontée des spreads au sein de la zone euro.
Sur le mois, le DJ Eurostoxx dividendes réinvestis et le MSCI Europe reculent respectivement de 16,90% et 14,35%. Les secteurs de la santé et de la consommation durable remplissent parfaitement leur rôle défensif avec des baisses de moins de 5%. A l’inverse, les valeurs financières, immobilières et industrielles affichent les plus forts reculs face à la crainte de remontée des créances douteuses et de baisse de l’activité consécutive au choc de demande en cours.
Autre secteur à se distinguer particulièrement sur le mois, celui de l’énergie. Après un choc d’offre en début de mois à la suite de la décision de l’Arabie Saoudite et de la Russie d’accroître leur production, le prix du baril connaît une première forte baisse avant que la généralisation des mesures de confinement ne provoque un écroulement de la demande de pétrole et une seconde baisse. Ainsi les valeurs pétrolières abandonnent près de 50% avant de rebondir violemment et d’effacer la moitié de leurs baisses grâce à des perspectives d’accord sur des baisses de production de la part de l’Arabie Saoudite et de la Russie.
A ce stade, et compte tenu de l’incertitude qui pèse encore sur le moment exact d’un retour à la normale de l’activité, il est sans doute trop tôt pour espérer un rebond durable. Au cours des prochaines semaines, les premières publications trimestrielles devraient permettre d’avoir une idée plus précise des impacts déjà visibles, mais surtout de ceux à venir. En Europe, les investisseurs resteront également très attentifs aux développement politiques qui pourraient à nouveau questionner la pérennité de la construction européenne.
Seul point à peu près acquis, la baisse des marchés de près de 25% ne constitue pas une contraction du multiple de valorisation mais plutôt le reflet de ce que pourrait être la baisse des résultats des entreprises pour l’année en cours.
Encore et toujours, il convient d’être sélectif dans notre choix de valeurs et de privilégier les sociétés offrant un réel potentiel de croissance du chiffre d’affaires et/ou des marges, seule garantie de la capacité à générer des résultats et des dividendes dans la durée.
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