Pourquoi l’élection de Joe Biden transformerait le marché des obligations vertes
En juillet dernier, Joe Biden a annoncé son intention d’investir 2 000 milliards de dollars pour développer l’utilisation des énergies renouvelables dans des domaines tels que les transports, la production d'électricité et la construction au cours de son mandat. C’est même l’une des mesures phares de son programme de lutte contre la menace croissante du changement climatique, et le premier engagement majeur de la part d’un dirigeant américain dans ce domaine - qu'il s'agisse d'un candidat ou d'un Président.
Ces initiatives, parallèlement à sa promesse de réintégrer l'Accord de Paris dès le 1er jour de sa présidence, devraient avoir un effet sismique sur le marché des obligations vertes conduisant à un meilleur rééquilibrage entre les marchés américains et européens.
Cela pourrait également constituer la dernière étape de la consolidation du marché mondial des obligations vertes en tant qu'alternative crédible à celui des obligations traditionnelles dans le monde.
Le déploiement des 2 000 milliards de dollars d’investissements annoncés pourrait très probablement prendre la forme d’émissions d’obligations vertes, c’est notamment le cas du plan de relance de l'Union Européenne de 750 milliards d’euros, dont 30% devrait être émis via des obligations vertes.
Aujourd’hui, les obligations vertes émises en dollar ne représentent plus que 23% du marché des obligations vertes1 quand elles représentaient encore près de 33% fin 2017. Avec 70 milliards de dollar de capitalisation, les obligations corporate IG vertes émises en Dollar restent une partie infime du marché du crédit IG américain2 , quand leurs homologues émises en Euro ont connu une croissance exponentielle pour peser plus de 140 milliards de $ et représenter plus de 5% du marché du crédit IG européen3 aujourd’hui.
Alors pourquoi le marché américain est-il si loin derrière son homologue Européen ?
La première raison tient au fait que les Etats-Unis n’ont jamais été moteurs sur les problématiques de changement climatique, accordant peu de crédit au sujet mais aussi à ses conséquences économiques potentielles.
Cela a contribué à un certain désintérêt pour les obligations vertes outre-manche, à la fois de la part des émetteurs mais aussi des investisseurs. Si l’on ajoute les coûts supplémentaires associés à l'émission d'une obligation verte (lié à la création d’un cadre d’émission, d’un comité de sélection de projets ou encore la production de reporting supplémentaires par exemple), il n'est peut-être pas surprenant que nous ayons, jusqu'à présent, vu si peu de d’émetteurs américains arriver sur le marché.
Un changement commence à s’opérer
Les catastrophes climatiques de grande envergure sont de plus en plus fréquentes et au-delà de leur impact humain, leur impact économique ne peut plus être ignoré. Selon le dernier rapport des Nations Unies, leur nombre a doublé au cours des 20 dernières années et leur coût est évalué à 3000 milliards de dollars On observe ainsi un changement de discours de la part des politiques reflétant une prise de conscience collective et globale.
Ainsi, la prise en compte de critères extra-financiers et des problématiques environnementales émerge au-delà du continent européen chez les investisseurs américains. Parallèlement, la nécessité d’intégrer le risque lié au changement climatique amène donc des entreprises américaines, et plus largement globales, à revoir leur stratégies et s’intéresser aux marchés des obligations vertes dans ce contexte.
Cette poussée a récemment vu de grandes entreprises américaines arriver pour la première fois sur le marché. D’autres suivront, afin de démontrer non seulement leur engagement en faveur d'une transition plus verte, mais aussi afin de capter l'intérêt des investisseurs de tous horizons.
Dans ce contexte, le marché américain tente de garder le rythme d’émission d’obligations vertes sur le vieux continent, mais peine à tenir la cadence, continuant de renforcer la prédominance des émissions en Euro dans l’univers. Une victoire de Joe Biden pourrait renverser la vapeur, et permettre un rééquilibrage entre les deux devises. En effet, le seul marché du crédit américain Investment Grade est près de 2,5 fois plus grand que son équivalent européen, et représente donc un potentiel de croissance colossal.
Une élection de Donald Trump viendrait toutefois nuancer cet enthousiasme dans la mesure où très peu de changement seraient à attendre de la part de ce dernier qui continue de privilégier les investissements dans les énergies fossiles. Toutefois, ce cas de figure ne ferait que retarder l’inévitable. A mesure que les catastrophes naturelles sont de plus en plus violentes et fréquentes, chaque entreprise et état va devoir s’adapter et investir.
On peut donc s’attendre à ce que la dynamique de croissance du marché des obligations vertes aux Etats-Unis s’intensifie dans tous les cas, même si cette dernière serait davantage stimulée par une victoire démocrate.
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