Agriculture industrielle : comment la biodiversité souffre-t-elle de la dépendance au soja ?
Les dirigeants des plus grandes économies mondiales se sont réunis en septembre et se sont engagés à placer la question de l’environnement au cœur de leurs stratégies de relance pour faire suite à la Covid-19. Le Pacte des dirigeants pour la nature (Leaders’ Pledge for Nature) vise à inverser la perte de biodiversité d’ici 2030 en mettant en place des actions concrètes pour limiter la production et la consommation non durable[1] .
Bien que cet objectif soit ambitieux et nécessite une évolution des politiques à grande échelle, l’exemple d’une simple légumineuse illustre bien les changements à apporter et leur nécessité.
Le soja est un produit de base pour l’alimentation humaine et animale, mais il convient de ne pas sous-estimer son impact sur la biodiversité mondiale. Sa popularité est telle que la surface des terres dédiées à sa production a plus que quadruplé au cours des 50 dernières années2 , alors que celle des autres grandes cultures n’a augmenté que d’environ 33 %. Cela représente plus de 1 million de km2, soit l’équivalent de la superficie totale de la France, de l’Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas réunis.
Toutefois, cette culture dont l’expansion ne cesse de gagner du terrain est aussi très dangereuse pour la biodiversité en raison de la déforestation, notamment. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que la production de soja aura presque doublé d’ici 20503 .
Le Brésil est aujourd’hui le premier producteur de soja au monde, et il n’est pas surprenant de constater que le pays affiche également les niveaux les plus élevés de déforestation à l’échelle mondiale[4] . Une grande partie de la déforestation du pays a été causée par la culture du soja et les terres qui sont désormais dédiées à la production ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. L’agriculture intensive peut avoir de nombreuses autres conséquences comme la propagation de maladies, mais aussi la pression sur l’approvisionnement en eau et la pollution.
Ces effets sur l’environnement menacent le bien-être des générations futures. Ils favorisent un changement climatique irréversible et accentuent la perte de biodiversité, ce qui constitue un défi majeur pour les investisseurs actifs souhaitant protéger la planète et leurs portefeuilles de manière durable.
Graphique. Le soja, un pilier de l’agriculture
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Source : WWF. 2014. « Le Boom du soja : l’essor du soja, impacts et solutions. »
Graphique. La production de soja est en hausse
Le Brésil en première ligne
Le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie représentent plus de la moitié de la production mondiale de soja. Selon la FAO, la surface utilisée en Amérique du Sud pour la culture du soja équivaut approximativement à la taille de la France. De 1995 à 2018, la production cumulée de soja dans ces pays a été multipliée par trois et devrait continuer à augmenter durant les dix prochaines années. La surface des terres dédiées à la culture de cette légumineuse devrait continuer de croître au détriment des terres inutilisées.
Au cours des 50 dernières années, le Brésil s’est positionné comme l’un des principaux exportateurs de produits agricoles au monde et joue un rôle prépondérant dans l’approvisionnement de bœufs, de volailles, de soja, de sucre, d’oranges et de café à l’échelle mondiale. Plus de 30 % de la surface du pays est désormais utilisée à des fins agricoles. Dans ce secteur axé sur les exportations, la production de soja s’est accélérée à un rythme plus soutenu que pour les autres cultures.
Par exemple, dans l’État brésilien du Mato Grosso, environ six millions d’hectares de terres sont déjà utilisés pour la production de soja, mais le Brésil propose d’y consacrer 50 millions d’hectares supplémentaires, principalement dans la même région. Le Brésil devrait enregistrer une croissance de 20 % de sa production intérieure de soja au cours des dix prochaines années, laquelle devrait passer de 120 millions de tonnes en 2018 à 144 millions de tonnes d’ici 20285 .
L’expansion et l’intensification de l’agriculture brésilienne ont eu d’importantes retombées économiques pour le pays. À mesure que les multinationales de l’industrie agroalimentaire ont accru leurs investissements étrangers, le secteur de la production de soja a su se coordonner pour mieux s’internationaliser. Ces entreprises agroalimentaires ont ainsi permis aux consommateurs du monde entier de tirer parti des fruits de la récolte issus de la savane tropicale brésilienne. L’industrie du soja n’a cessé de se concentrer dans les années 1990 et 2000, et seuls six négociants contrôlent désormais le marché du soja au Brésil.
Néanmoins, ces avantages économiques n’ont été possibles qu’au détriment d’un coût environnemental considérable. La production de soja a été l’un des principaux moteurs du recul de la surface recouverte par la forêt vierge et des zones humides uniques en Amazonie et dans les régions du Pantanal et du Mato Grosso. Ces 40 dernières années, 18 % de la forêt dans la région de l’Amazonie légale, 50 % de la végétation indigène des biomes du Cerrado, des Pampas et de la Caatinga, et 88 % de la végétation indigène de la forêt atlantique ont été défrichées, principalement à des fins agricoles6 .
Le Moratoire sur le soja amazonien, un accord signé en 2006 qui prévoit que la production de soja en Amazonie ne se fasse pas au moyen de la déforestation de la végétation indigène, a permis d’atténuer certaines de ces pressions. Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir du président Jair Bolsonaro en 2018, la réglementation a été assouplie et la déforestation s’est accélérée7 .
Quel rôle les investisseurs peuvent-ils jouer ?
Face à ce défi, la question de savoir comment les investisseurs responsables peuvent répondre à ces enjeux revêt une importance capitale. Les gérants d’actifs qui investissent à long terme souhaitent encourager des pratiques durables dans le cadre du capital qui est alloué aux différents intervenants de la chaîne de valeur agricole.
Toutefois, cette chaîne de valeur est un réseau complexe d’activités, de résultats et de moteurs, et le sens que l’on donne aux « pratiques durables » dépend de l’activité de chaque acteur.
L’identification des entreprises ayant recours à de bonnes ou à de mauvaises pratiques reste, pour le moment, toujours aussi délicate. Les recherches d’AXA IM ont démontré qu’il existait deux types d’acteurs via lesquels il était possible d’asseoir sa présence dans ce marché grâce à l’engagement actionnarial, à savoir les négociants internationaux et les sociétés en contact direct avec les consommateurs. Nous estimons que les gérants d’actifs qui sont directement investis dans certaines de ces entreprises ont la possibilité d’influencer un nombre important d’acteurs de la chaîne de valeur.
Ainsi, les investisseurs responsables peuvent aider à aligner la demande immédiate des consommateurs mondiaux avec les avantages durables liés à la protection du patrimoine naturel.
Il est essentiel que les populations comprennent bien les menaces qui pèsent sur l’environnement et qu’une réglementation plus favorable à l’écologie soit adoptée pour mieux protéger la biodiversité même si les entreprises et les investisseurs restent les mieux placés pour répondre à cet enjeu. Les investisseurs doivent évoquer fermement ces problématiques avec les entreprises dès qu’ils le peuvent. La chaîne de valeur agricole est un réseau complexe composé d’un large ensemble d’acteurs. Toutefois, en adoptant une approche disciplinée et active, nous pouvons identifier les éléments clés de cette chaîne de valeur qui sont susceptibles d’apporter un changement concret, positif et structurant.
En savoir plus en plus sur l’approche d’AXA IM visant à protéger la biodiversité par le biais de l’actionnariat actif.
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