Perspectives 2023 : la revanche du marché obligataire ?
Sur les marchés obligataires mondiaux, on se souviendra de 2022 comme on se souvient de 1994 : une année marquée par un réajustement massif et inattendu des taux d’intérêt. Ce sont notamment les pressions inflationnistes alimentées par des conflits géopolitiques et des déséquilibres entre l’offre et la demande qui ont conduit les banques centrales à resserrer brutalement leur politique monétaire et à remonter les taux directeurs. Le rythme de la hausse des taux a été d’une telle magnitude, jamais observée dans l’histoire des marchés financiers, que toutes les classes d’actifs ont été impactées. Nous avons notamment observé en septembre un véritable krach obligataire au Royaume-Uni et une volatilité extrêmement élevée.
Face à ce contexte de marché et une année particulièrement difficile, nous pensons que les perspectives commencent à s’éclaircir pour 2023. D’abord parce que le niveau absolu des taux de rendements est au plus haut, ce qui ajoute à l’attractivité du marché obligataire. Ensuite du fait que le cycle haussier des banques centrales semble être, pour sa plus grande partie, derrière nous. Et enfin, parce que le rebond des performances observées en fin d’année 2022 contribue à redonner la confiance aux investisseurs.
Des stratégies de crédit « Investment Grade » à privilégier
Le marché du crédit semble attractif, avec notamment la dette liquide de bonne qualité (Investment Grade) dont le couple rendement-risque s’est nettement amélioré l’année dernière. En effet, les taux de rendement sont de l’ordre de 4 % en zone Euro(1) et de 5,5 % aux Etats-Unis(1) alors que le risque de duration moyen a diminué sur ces marchés. En termes de préférences sectorielles, nous privilégions les secteurs de l’immobilier notamment la logistique et le résidentiel, les banques dont les revenus sont en hausse grâce à la remontée des taux en Europe et l’amélioration des bilans et des ratios de solvabilité, ainsi que l’assurance via la dette subordonnée.
Le point d’attention devra porter sur la qualité de crédit des émetteurs afin d’éviter les risques de défaut. Alors que les taux de défaut, qui étaient proches de zéro, se rapprochent des moyennes historiques, nous pourrions entrer dans une période marquée par une plus grande dispersion des notations de crédits entre les émetteurs. Une approche active de sélection s’impose afin d’exploiter les opportunités les plus intéressantes sur les émetteurs présentant des fondamentaux robustes.
Sur l’équilibre offre / demande, nous estimons le volume d’émissions stable en 2023 autour de 450 milliards d’euros sur le marché Investment Grade contre 475 milliards d’euros en 2022(2).
Côté géographies, nous privilégions d’ores et déjà la dette libellée en Euro, ainsi que la dette Investment Grade américaine – même si le coût de couverture du risque de change est élevé – et nous sommes de plus en plus positifs sur les marchés émergents, qui devraient offrir des points d’entrée intéressants l’an prochain.
L’heure du haut rendement ?
Face à un afflux massif de liquidité et un coût de la dette peu chère avec le soutien des banques centrales, le marché du crédit à haut rendement présente de bonnes caractéristiques. Les taux de rendement affichés sont de l’ordre de 7 % en zone Euro2 et 9 % aux Etats-Unis1 .
Certes, les défauts des entreprises augmenteront en 2023, mais nous ne craignons pas une grande vague de faillite liée aux conditions de refinancement. Du côté de l’équilibre offre / demande, nous estimons le volume d’émissions en baisse en 2023 après une année 2022 déjà bien difficile sur le marché primaire, ce qui nous conforte à penser que les besoins de refinancement ne sont pas immédiats.
Notre plus grande préoccupation sur ce marché est le risque de récession qui pourrait se faire ressentir dans un environnement marqué par des politiques monétaires et fiscales limitées alors que le risque d’inflation reste présent.
Un marché résilient côté obligations vertes
La résilience du marché des obligations vertes a été très importante cette année, malgré un environnement volatile. Le marché est resté dynamique et a offert des opportunités d’investissement intéressantes. Le volume d’émissions a été remarquable au regard des marchés, avec près de 400 milliards de dollars d’émissions cette année(2). Plus de 90 nouveaux émetteurs2 ont émis des obligations vertes, issus du secteur de l’immobilier et de l’automobile, mais aussi des souverains avec le Canada et l’Autriche, ce qui confirme l’intérêt des émetteurs et des investisseurs pour cette classe d’actifs.
Avec une taille de plus de 1 000 milliards de dollars2 le marché des obligations vertes a confirmé son expansion cette année, malgré une performance négative en ligne avec le contexte de marché.
Enfin, avec une intensité carbone des projets financés par les obligations vertes deux fois moindre que celle de ces émetteurs3 , les obligations vertes devraient continuer de séduire de nouveaux investisseurs en 2023.
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