Le temps est-il venu de substituer aux liquidités des obligations à duration courte ?
La question de savoir quelles stratégies les investisseurs pouvaient envisager comme alternative aux liquidités dans un contexte de baisse des taux d'intérêt a suscité un vif débat en 2024.
Cette question a depuis évolué dans la mesure où, aujourd'hui, un nombre moins important de baisses de taux d'intérêt est intégré dans les cours, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Actuellement, et après 100 points de base (pb) de réduction, nous tablons sur une nouvelle baisse des taux d'intérêt de la part de la Réserve fédérale en mars, avant une pause jusqu'au second semestre 2026. De son côté, la Banque d'Angleterre devrait selon nous procéder à quatre réductions cette année, tandis que la Banque centrale européenne devrait être plus active et abaisser successivement son taux de dépôt de 25 pb jusqu'à ce qu'il atteigne 2,0 % en juin.
Changement de cap
Pour les investisseurs en quête d'alternative aux liquidités, la duration courte nous semble actuellement attrayante, d'autant que les rendements obligataires ont grimpé suite à l'évolution du sentiment. Sur la base des indices ICE/Bank of America un à trois ans Investment Grade (IG) et High Yield (HY) pris comme indicateurs des stratégies de crédit à duration courte, les rendements sont pour la plupart supérieurs à leurs plus bas niveaux de 2024 (voir tableau ci-dessous) :
Plancher 2024 | Actuellement | Évolution | Par rapport aux taux d’intérêt | |
US IG 1-3 ans | 4,258 | 4,85 | 59 points de base | 0,35 % |
Euro IG 1-3 ans | 2,803 | 3,02 | 22 points de base | 0,02 % |
Sterling IG | 4,877 | 5,19 | 31 points de base | 0,44 % |
US HY 1-3 ans | 7,115 | 7,07 | -4 points de base | 2,57 % |
Euro HY 1-3 ans | 5,018 | 5,14 | 12 points de base | 2,14 % |
Source : ICE/Bank of America (Bloomberg) au 20 janvier 2025
Les rendements des obligations à duration courte sont désormais plus attrayants. Ils dépassent d'environ 60 pb leurs niveaux planchers de 2024 ; ils sont supérieurs aux taux d'intérêt et nettement plus élevés que les taux d'inflation actuels et attendus.
Du fait de leur duration courte, leur sensibilité aux taux d'intérêt est faible, de sorte que les pertes en capital sur tout mouvement éventuel de hausse supplémentaire des taux sont potentiellement limitées. Nous n'anticipons pas de hausse des taux d'intérêt et les perspectives en matière d'inflation sont déterminantes à cet égard. Aux États-Unis comme au Royaume-Uni, les chiffres de l'inflation de décembre ont été supérieurs aux prévisions, conduisant les marchés obligataires survendus à se redresser. Sur le plan des fondamentaux, nous jugeons les niveaux de rendement des obligations globalement attrayants pour les investisseurs en quête de performances totales positives sur l'année à venir.
Performances totales des indices un à trois ans en 2024 :
- US IG = 5,4 %
- EU IG = 4,6 %
- UK IG = 5,1 %
- US HY = 9,1 %
- EU HY = 7,3 %
Source : ICE/Bank of America (Bloomberg)1
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Performances futures
Les rendements sont proches des niveaux observés début 2024 en ce qui concerne les obligations Investment Grade américaines et britanniques, tandis qu'ils sont inférieurs pour les obligations spéculatives à haut rendement (High Yield) et les obligations Investment Grade européennes. Toutefois, les rendements actuels et la moindre sensibilité des stratégies à duration courte à l'évolution des taux d'intérêt devraient permettre de réaliser de solides performances totales en 2025.
Les stratégies obligataires à duration courte sont bien adaptées à ce contexte d'incertitudes macroéconomiques et monétaires. Nous pensons qu'elles ont le potentiel de produire des performances susceptibles de dépasser, ou au moins d'égaler, celles des liquidités, comme ce fut le cas en 2024. L'avantage qu'offrent les obligations par rapport aux liquidités est qu'elles permettent également de réaliser des performances plus élevées si la baisse des taux d'intérêt s'avère plus importante que ce qui est actuellement intégré dans les cours.
Les obligations en 2025
L'évolution du marché obligataire est dictée par la croissance, l'inflation, la politique et les événements géopolitiques. La première semaine de 2025 a été marquée par la poursuite de la hausse des rendements des obligations d'État (et d'autres types d'obligations), qui ont atteint des sommets inégalés depuis plusieurs années. Les performances totales sont loin d'être glorieuses à ce jour. Mais le fait que les rendements obligataires soient élevés est une bonne chose dans la mesure où cela renforce la probabilité de réaliser de bonnes performances sur l'ensemble de la classe d'actifs. Malgré les commentaires qui entourent les marchés obligataires, la liquidité est bonne, la demande est forte et les pertes liées à un défaut de paiement restent très rares.
Face à des rendements aussi élevés, nous pensons que le moment est propice pour investir dans les titres obligataires, et les stratégies à duration courte nous semblent constituer une alternative potentiellement solide aux liquidités.
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