L’intérêt de la flexibilité dans la gestion obligataire
L'année 2020 a mis en évidence tout l'intérêt d'une approche flexible dans l'univers obligataire. Les investisseurs ont été confrontés à la pandémie, à une rotation sectorielle et, depuis début 2021, à la perspective d'un retour de l'inflation à l'échelle mondiale. S'il est crucial pour les investisseurs de prendre la pleine mesure de ces événements et de leurs implications, ils ne seront guère avancés s'ils ne bénéficient pas de la flexibilité nécessaire pour mettre en œuvre leurs convictions. Il existe différentes façons d’être flexible sur le segment obligataire, à commencer par les titres eux-mêmes. Dans nos stratégies obligataires Total Return, nous avons ainsi accès à l’ensemble du spectre obligataire, des titres les moins risqués tels que les bons du Trésor américain aux plus risqués comme le credit spéculatif à haut rendement asiatique, par exemple.
La liquidité – la rapidité avec laquelle il est possible d'acheter ou de vendre des actifs – joue également un rôle important, qui tient en partie à la nature de votre exposition : vaut-il mieux détenir des cash bonds ou utiliser des contrats à terme ? Il convient par ailleurs de disposer de l'infrastructure nécessaire pour pouvoir initier et liquider rapidement des positions, avec le soutien d'une équipe dédiée. Bien qu'une diversification structurelle en fonction des différents marchés soit selon nous incontournable dans le cadre d'un portefeuille obligataire global, il est aussi possible de créer de la valeur en prenant des décisions d'allocation tactiques. En théorie, et dans un scénario plus extrême, nous pourrions ainsi être amenés à allouer l'intégralité de nos actifs à la dette souveraine. Les trois exemples ci-dessous illustrent le type de décisions tactiques que notre flexibilité nous a récemment permis de prendre afin d'exploiter des opportunités de marché.
1. Miser sur les emprunts d'État à l'orée 2020
Même si les rendements souverains ont entamé l'année 2020 à des niveaux assez bas (1,5% pour les bons du Trésor américain à dix ans, soit moitié moins que fin 2018), nous pensions qu'ils pouvaient encore baisser à l'approche de la fin du cycle alors que la Fed pouvait de nouveau baisser ses taux pour soutenir l'économie.
Nous n'avions certes pas prévu qu'une pandémie mondiale constituerait l'élément déclencheur de la baisse des taux, mais nous étions donc bien positionnés le moment venu. En mars 2020, nous affichions notre positionnement le plus défensif depuis longtemps, assorti d'un optimisme marqué à l'égard des bons du Trésor américain. Notre flexibilité nous a cependant permis d'adopter rapidement une posture beaucoup plus offensive à mesure que les pouvoirs publics prenaient des mesures pour protéger l'économie mondiale.
2. S'exposer au risque de spread à l'issue de la première phase de la crise sanitaire
La réduction de notre exposition défensive après mars 2020 a été contrebalancée par l'augmentation du risque de crédit. Notre exposition au risque de spread était modérée pendant une bonne partie de l’année 2019 et début 2020 car nous préférions détenir des poches de valeur plus modestes. Dans le sillage de la correction induite par le virus, nous nous sommes toutefois montrés plus opportunistes en raison de la valorisation plus attractive des obligations d’entreprises des marchés développés, du haut rendement et des marchés émergents.
3. Utiliser des contrats à terme pour ajuster la duration
Ces derniers mois, le redressement des marchés est entré dans une nouvelle phase caractérisée par l'enthousiasme des investisseurs face à la perspective d'une reprise de l'inflation et de la remontée des taux par rapport aux niveaux déprimés du second semestre 2020. Nous avons réduit notre duration à deux reprise en février 2021 en tablant sur l’hypothèse d'une forte remontée des taux qui s'est par la suite concrétisée ; cette décision nous a donc protégés contre l'essentiel de la hausse des emprunts d'État.
Pour ce faire, nous avons vendu des contrats à terme afin d'adopter une position courte sur la duration américaine, en particulier sur la partie longue de la courbe des taux souverains. Les contrats à terme nous permettent de sélectionner la devise et la partie de la courbe que nous souhaitons couvrir au sein des portefeuilles. La position courte sur la duration américaine a depuis apporté une solide contribution positive à la performance de nos stratégies, ce qui a fait le contrepoids de l'impact négatif de la hausse des rendements obligataires au premier trimestre 2021. Notre capacité à réagir sans attendre s'est révélée déterminante. La hausse des rendements américains au cours du premier trimestre 2021 s'est distinguée par sa rapidité ; or, si vous n'êtes pas en mesure d'adapter votre exposition rapidement, vous risquez de pâtir ou de ne pas bénéficier de l'évolution des conditions de marché.
En fin de compte, nous continuons de penser que la flexibilité de l’allocation obligataire est opportune pour les investisseurs. Face à la récente hausse des rendements et l'optimisme des marchés, envisager un univers d'investissement largement diversifié qui permet d’ajuster son exposition tactique en fonction de l'évolution du cycle économique nous parait primordial.
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