COVID-19 : Accélérer la transition énergétique et générer des opportunités d'investissement respectueuses du climat
Six experts ESG d'AXA Investment Managers évaluent l’impact de la crise sur le rythme de la transition énergétique, et analysent les conséquences en matière d’investissement.
Cette décennie de transition démarre dans un contexte que nul n’avait anticipé – ni souhaité. En 2020, le monde est sous le choc de la COVID-19, qui frappe gravement l'économie mondiale et menace les moyens de subsistance de nombreux acteurs.
Pourtant, malgré tous les défis auxquels le monde est confronté, nous pensons qu’une « reprise verte » est possible.
Gilles Moëc, chef économiste, AXA IM
« Les autorités publiques – tout du moins en Europe – en sont venues à considérer le soutien à la transition verte comme un moyen de stimuler la croissance économique, s’opposant ainsi au cliché d’une supposée incohérence entre les deux objectifs. Dans de nombreux pays clés de l'Union Européenne où l'opinion publique est traditionnellement hostile à l'activisme budgétaire, les préoccupations environnementales sont désormais prioritaires.
Afin que la croissance économique et la transition verte aillent de pair, il nous semble judicieux de renoncer aux traditionnelles combinaisons d’impôts et de subventions à la production pour privilégier les politiques associant projets d'investissement et taxe carbone. »
Chris Iggo, Directeur des Investissement Core, AXA IM
« La pandémie a fortement accentué l'attention portée au changement climatique et aux questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). A l'avenir, nous prévoyons que les investisseurs seront plus susceptibles de récompenser les entreprises qui s’efforcent de rendre leurs activités plus durables.
La transition vers une économie bas carbone a un impact véritable et immédiat sur la stratégie des entreprises. Elle les contraint à divulguer leurs émissions de carbone, à adopter des objectifs conformes à l'Accord de Paris et à utiliser la tarification du carbone comme un outil reflétant leur modèle économique. La capacité des entreprises à prouver que l’épidémie de COVID-19 a accéléré leur transition carbone sera essentielle dans les échanges entre dirigeants d'entreprises et investisseurs.
La récession engendrée par la COVID-19 pourrait susciter une hausse des impôts, susceptible d’accorder un rôle accru aux taxes carbone pour faire évoluer la demande des activités à forte intensité de carbone vers des solutions alternatives. Toutefois, atteindre les objectifs définis par l'Accord de Paris nécessitera des investissements beaucoup plus importants dans les énergies alternatives, le captage du carbone et l'efficacité carbonique. Les stratégies d’investissement fondées sur les obligations vertes ou l'intégration ESG, les stratégies d’impact et celles qui visent spécifiquement la réduction des émissions de carbone seront autant d'éléments essentiels dans les contributions des investisseurs. »
Lise Moret, Responsable de la Stratégie Climat - Impact et Investissement Responsable, AXA IM
« Pour restituer l’impact potentiel du coronavirus en 2020 dans un contexte climatique plus large, il faudrait réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de plus de 6 % chaque année au cours de cette décennie pour limiter le réchauffement à un maximum de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Si les technologies qui permettent de compenser les émissions générées sont exclues ou impossibles à mettre en œuvre à grande échelle, les réductions d’émissions requises pour respecter l’objectif de 1,5 °C seraient encore plus élevées, de 15 % chaque année jusqu’en 2040. Les émissions annuelles devraient donc être réduites de plus de 7 % à partir de 2021, pour atteindre un pic le plus rapidement possible 1 .
Je pense que la pandémie est en mesure d’accélérer la transition énergétique. Prenons l'exemple de l'industrie automobile : par rapport à d'autres segments, les ventes de véhicules électriques ont bien résisté en 2019. Cette tendance devrait se poursuivre malgré l'épidémie de COVID-19. Les enjeux de mobilité sont essentiels. L'accélération de la transition énergétique due au besoin accru de nouvelles sources d'énergie constitue, selon moi, une conséquence directe de la crise liée au coronavirus. Globalement, un tiers de la transition énergétique se fera par le biais d'investissements dans les énergies renouvelables telles que les parcs éoliens et la technologie solaire. Nous devons toutefois redoubler d’efforts, car la pandémie ne pourra être le seul catalyseur.
Si la fourniture d'une énergie plus propre et moins chère est justifiée au plan économique, il convient de définir la manière dont l'approvisionnement en énergie peut évoluer. Nous devons continuer d’inciter les entreprises à cesser leurs dépenses d'investissement dans les énergies fossiles, mais aussi à accroître et à accélérer leurs plans d'investissement dans les énergies à faible émission de carbone.
Nous observons déjà certains changements dans des secteurs tels que la mobilité, les transports et l'immobilier. Il convient néanmoins d’être plus exigeant avec les entreprises de la filière énergétique – les compagnies pétrolières et gazières, qui ont une énorme responsabilité – et de modifier l’offre énergétique. Il faut donc mieux accompagner ce secteur dans la phase de transition.
La relance attendue nous donnera l’occasion d’intégrer des changements industriels et sociétaux qui soutiennent la transition énergétique. Selon nous, la pandémie de coronavirus devrait renforcer les objectifs politiques en matière de changement climatique, témoignant de la nécessité d’actions décisives et collaboratives pour lutter contre les menaces mondiales et existentielles. Elle devrait contribuer à encourager les programmes publics en faveur d’initiatives vertes et renforcer les thématiques clés pour l’engagement des investisseurs.
Pour nous autres investisseurs, cela se traduit par un engagement continu auprès des entreprises. La communauté des investisseurs dans son ensemble est concernée, alors que la transition s’accompagne de nombreuses opportunités d’investissement durable. Les consommateurs exigent une énergie plus propre et les entreprises doivent répondre à cette attente, sous peine d'être dépassées. »
Johann Plé, Responsable de la Stratégie Obligations Vertes, AXA IM
« L’émergence de l’épidémie de COVID-19 accélérera et renforcera probablement la demande des investisseurs pour des produits plus transparents et plus durables. La crise du coronavirus a prouvé que le risque financier n'était pas le seul en jeu. D’autres risques, tels que ceux apparus en 2020, sont également susceptibles d’avoir un impact macroéconomique majeur.
Il y a quelques mois, l'Union Européenne a dévoilé un plan de relance incluant près de 550 milliards d'euros consacrés à des initiatives vertes, ce qui représente le plus important programme d’investissement en faveur du climat jamais adopté 2 .
Le changement climatique n'a pas été oublié. La politique d’endettement actuelle est permise par des taux d'intérêt très bas et le fait que les marchés sont inondés de liquidités. La dette devra néanmoins être remboursée tôt ou tard ; il est donc nécessaire qu’elle soit viable. Cela signifie que nous devons investir dans des projets qui soutiennent la lutte contre le changement climatique, notamment dans les énergies renouvelables, les transports propres et les bâtiments écologiques, ainsi que dans la préservation de la biodiversité. Il est encourageant d’observer que tous les plans de relance en cours tiennent compte de ces éléments.
Concernant le marché des obligations vertes, l'Allemagne a récemment levé 6,5 milliards d'euros via sa toute première obligation verte, tandis que de nombreuses marques internationales ont proposé leurs propres offres.
Le secteur du crédit se caractérise donc par une très bonne dynamique de diversification et une montée en puissance du segment souverain, autant de facteurs positifs pour la croissance et la liquidité du marché. Cette évolution est favorable aux investisseurs, car elle se traduit par davantage d'opportunités de générer un impact et d’engranger des performances potentiellement meilleures.
Nous pensons que les émetteurs ayant une stratégie durable crédible sont mieux préparés pour faire face aux risques et aux opportunités climatiques. Ils devraient donc se distinguer par des fondamentaux plus solides à long terme et obtenir de meilleurs résultats. »
Amanda O’Toole, Responsable de la stratégie « Clean Economy », AXA IM Framlington Equities
« Alors qu'une multitude d’industries et d'entreprises ont subi de graves perturbations en 2020, le secteur des énergies renouvelables a suivi une trajectoire sensiblement différente. Nous avons constaté que l’ensemble des entreprises du secteur ont fait preuve de solidité, en termes de demande, de nouvelles activités et de projets potentiels. Cela s'est manifesté dans des plans d'investissement, visant à renforcer l’offre en énergies renouvelables ou les infrastructures sous-jacentes.
À titre d’exemple, les données montrent qu'en dépit de la lutte contre la pandémie, les promoteurs de projets solaires américains ont installé, au deuxième trimestre, des capacités de production d'énergie solaire trois fois supérieures à celles mises en place durant la même période en 2019 3 . Plus largement, nous observons une évolution dans le langage des entreprises. Ce langage manifeste désormais une réelle volonté, de la part du personnel aussi bien que des parties prenantes, de jouer un rôle positif dans le soutien à la transition énergétique. Plus que jamais, les marques grand public semblent décidées à promouvoir la neutralité carbone au niveau des produits.
Il existe une très forte demande, fondée sur la logique économique de fidélisation de la clientèle, pour des sources d'énergie plus propres. Cette demande est soutenue par la volonté réglementaire et politique d’adopter un mix énergétique plus « propre », incluant des énergies dont les sources sont généralement les moins chères à construire et je pense que cela représentera de nombreuses opportunités d'investissement potentielles. »
Lise Renelleau, Responsable des Solutions d'investissement durable, AXA IM Rosenberg Equities
« Si la pandémie a constitué un choc pour les investisseurs, elle leur a également rappelé que les entreprises agiles et tournées vers l'avenir sont potentiellement mieux positionnées pour affronter les crises. Du point de vue des investisseurs, la pandémie a incontestablement représenté un défi économique majeur en 2020. Cependant, la crise climatique est tout aussi menaçante : certaines régions du monde ont été ravagées par la sécheresse, les incendies, les ouragans et les inondations.
D’après notre expérience, les entreprises qui sont en avance sur leurs pairs en termes de lutte contre le changement climatique se sont montrées nettement plus résistantes que celles qui sont à la traîne. À l’heure actuelle, la nécessité d’évoluer est comprise par les entreprises et les investisseurs, mais aussi favorisée par les tendances dominantes. Nous constatons que gouvernements et entreprises sont de plus en plus nombreux à favoriser la transition énergétique – même Pékin s'est engagée à atteindre l'objectif « zéro émission nette ».
C'est pourquoi nous devons investir dans les entreprises en transition, autrement dit celles qui tentent de renoncer aux combustibles fossiles polluants. L'essentiel pour tout investisseur consiste à adopter une approche de long terme, y compris par rapport à la transition, afin d’anticiper les politiques et réglementations liées au climat, qui auront un impact sur les entreprises. »
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