Cinq points à retenir pour la gestion obligataire en 2025
La classe d'actifs des titres obligataires reste attrayante
Les rendements obligataires sont élevés par rapport à leurs niveaux historiques. Le rendement de l'indice Bloomberg Global Aggregate se situe dans le 78e percentile des rendements sur les 20 dernières années, et dans le 88e sur les 10 dernières années1. Les rendements de départ sont fortement corrélés aux performances totales positives sur le long terme, grâce aux caractéristiques de la classe d'actifs en termes de revenus composés.
L'inflation a considérablement diminué depuis les sommets atteints sur les marchés développés dans le sillage du Covid et la croissance économique reste stable, bien que timide. Ce constat vient étayer notre argument en faveur d'une baisse des taux d'intérêt des banques centrales, laquelle devrait se concrétiser en 2025, et qui devrait apporter un soutien supplémentaire aux investisseurs obligataires par rapport à la composante revenu. Ce soutien résultera à la fois de l'appréciation du capital et de l'atténuation de l'impact de la charge d'intérêt plus élevée à laquelle les émetteurs sont confrontés, renforçant ainsi la vigueur de leurs fondamentaux.
Même si, au fil du temps, la baisse des taux d'intérêt réduira les revenus tirés de ces obligations, nous pensons qu'ils ne tomberont pas aux niveaux observés par les investisseurs il y a une dizaine d'années.
Globalement, les rendements restent attrayants, mais les spreads de crédit sont serrés et il est possible que l'incertitude liée à l'inflation et la hausse des primes de risque de crédit entraînent une plus grande volatilité compte tenu des vents contraires liés aux risques géopolitiques, au protectionnisme et à l'impact différé de la hausse des rendements sur les bilans des entreprises. Il sera donc essentiel de faire preuve de souplesse en matière d’allocation et de positionnement au sein de l'univers obligataire pour faire face à la volatilité potentielle de l'année à venir.
Les investisseurs doivent-ils envisager de délaisser le crédit au profit des obligations d'État ?
Le spread de crédit par rapport à l'obligation d'État équivalente est un indicateur typique permettant d'évaluer le caractère attrayant du marché du crédit. Pour le crédit américain Investment Grade, les spreads sont proches de leurs plus bas niveaux depuis la période précédant la crise financière mondiale. Le haut rendement américain présente une valorisation similaire. Les spreads des titres
Investment Grade et à haut rendement européens sont moins tendus, mais ils demeurent plus serrés que leurs moyennes à long terme. Cela devrait mettre en garde les investisseurs axés sur le crédit quant aux rendements excédentaires potentiels par rapport aux obligations d'État.
Cela étant, nous estimons que les prix sont globalement justifiés et nous n'anticipons aucun retournement de tendance majeur en l'absence de tout événement significatif sur le marché.
La baisse des taux des banques centrales, la bonne tenue des bilans des entreprises et les mesures de relance budgétaire à court terme sur l'ensemble des marchés devraient permettre de maintenir la solidité des fondamentaux et d'apporter un réel soutien aux obligations Investment Grade et à haut rendement. Au sein du haut rendement en particulier, on continue d'observer une tendance à la hausse des étoiles montantes par rapport aux anges déchus et à des taux de défaut qui restent relativement bas. Sur le marché américain, la qualité de crédit moyenne des émetteurs de titres à haut rendement a progressé ces dernières années, tandis que la duration globale du marché a diminué. Cela contribue à maintenir les spreads de crédit à un niveau structurellement plus faible.
D'autre part, le volume accru d'émissions de titres de dette en 2024 et début 2025 a fait l'objet d'une forte demande de la part d'investisseurs soucieux de se positionner sur le marché obligataire. Il est possible que de nombreux investisseurs se tiennent encore à l'écart et qu'ils attendent que les spreads de crédit deviennent bon marché avant d'allouer leurs capitaux. Toute hausse des spreads de crédit pourrait rapidement susciter une forte demande de la part de ces investisseurs et entraîner un resserrement des spreads.
Cela étant, nous ne prévoyons pas de resserrement significatif des spreads, de sorte que les rendements excédentaires des titres Investment Grade et à haut rendement seront limités à la faible hausse des spreads actuellement disponible.
Dans l'ensemble, nous portons un regard plus positif sur les segments sensibles à l'évolution du crédit que sont les titres Investment Grade et à haut rendement, même si nous surveillerons de près l'impact des thèmes macroéconomiques sur les fondamentaux des entreprises.
Quelles sont les meilleures opportunités le long de la courbe ?
Les courbes des taux n'ont cessé de se pentifier depuis l'inversion extrêmement prononcée observée en 2023 et au cours de 2024. Les rendements des obligations d'État à 10 ans aux États-Unis, dans l'UE et au Royaume-Uni sont aujourd'hui globalement supérieurs de 30 pb à leur équivalent à 2 ans, comme le montre le graphique ci-dessous. Ce chiffre représente un faible rendement supplémentaire par rapport aux moyennes historiques (écart de 80 à 100 pb).
Pour les investisseurs soucieux d'optimiser les performances corrigées du risque, les obligations à duration courte semblent attrayantes en raison :
- De la liquidité naturelle que la duration courte procure
- Du fait que la moindre duration des taux d'intérêt se traduit naturellement par une moindre volatilité
- D'une pentification continue potentielle de la courbe des taux. Les taux directeurs à court terme devraient continuer à baisser, mais les rendements à long terme pourraient se maintenir face au creusement des déficits budgétaires et aux vents contraires liés à l'inflation
Toutefois, l'évolution positive observée récemment dans la valorisation des obligations à plus longue échéance a suffi à inciter certains investisseurs à délaisser les marchés monétaires au profit de la duration courte, et la duration courte au profit de stratégies portant sur toutes les échéances. Les partisans des stratégies toutes échéances invoquent l'augmentation marginale du rendement (env. 30 pb), le risque de réinvestissement plus faible et le coup de pouce potentiel apporté par la baisse des rendements à long terme.
Pour les investisseurs axés sur le crédit, les courbes des spreads sont légèrement plus pentifiées que celles des obligations d'État, mais elles restent en deçà des moyennes historiques, ce qui montre l'appétit continu pour la classe d'actifs et la dispersion réduite qui en résulte sur l'ensemble des échéances.
Quel choix opérer : crédit européen ou américain ?
Le crédit européen et le crédit américain nous semblent tous deux attrayants, mais pour des raisons différentes.
En ce qui concerne l'Europe, la Banque centrale européenne (BCE) devrait poursuivre sa politique d’assouplissement monétaire en 2025 et ramener son taux de dépôt à 1,5 % d'ici à la fin de l'année, voire plus tôt. Cet assouplissement monétaire fait écho à un ralentissement de la croissance (estimée à 1 % en 2025) en Europe, mais pour les investisseurs obligataires, ce facteur, associé à la vigueur des fondamentaux des entreprises, peut se traduire par des performances totales plus élevées à mesure que les rendements fléchiront. Cet assouplissement doit être nuancé par les perspectives de croissance plus modérées envisagées dans la région (2,3 % en 2025) et par l'impact des éventuels droits de douane et conflits commerciaux sur les secteurs sensibles à l'évolution des échanges. Nous tablons sur le maintien d'un dollar fort, de sorte que pour les investisseurs hors dollar, sur la base d'une couverture de change, les titres obligataires européens, et notamment les opportunités sur les marchés du crédit, semblent attrayants.
Parallèlement, aux États-Unis, les perspectives seront déterminées par les politiques menées par Trump. Bien que leurs effets soient incertains, il est probable que leur impact sur la croissance se fasse sentir en 2026. L'inflation, première préoccupation pour 2025, pourrait limiter la capacité de la Réserve fédérale (Fed) à assouplir sa politique et conduire, plus généralement, à un ralentissement du processus de désinflation. En 2025, la croissance américaine devrait se maintenir, voire s'améliorer. Ce regain de croissance à court terme pourrait favoriser les stratégies à bêta élevé telles que celles axées sur le haut rendement américain. Le Congrès républicain ayant déjà manifesté sa volonté de ne pas réduire les dépenses, nous pensons que le marché devrait s'attendre à une forte volatilité sur le front budgétaire en 2025.
Parallèlement, le protectionnisme américain, le ralentissement de l'économie chinoise et les prévisions de croissance inférieures aux tendances risquent de créer un environnement difficile pour les marchés émergents. Nous continuons de penser que de nombreuses opportunités subsistent dans les différentes régions des marchés émergents, notamment dans le segment Investment Grade. Comme toujours, la sélection des titres reste un facteur déterminant pour cette classe d'actifs.
Les objectifs de zéro émission nette méritent-ils d'être poursuivis ?
Le thème de l'investissement dans la transition verte devrait rester très présent à l'échelle mondiale, même aux États-Unis où le gouvernement Trump a déjà commencé à supprimer une partie du soutien apporté par celui de Biden. Les énergies renouvelables et les technologies liées aux véhicules électriques devraient notamment poursuivre leur progression en 2025, essentiellement sous l'effet de la demande des marchés émergents et de la production dans ces pays. La hausse rapide de la demande d'électricité émanant des centres de données liés à l'intelligence artificielle sera satisfaite par le développement de la production d'énergie renouvelable et la modernisation des réseaux électriques. Les sociétés de distribution d'électricité et les fournisseurs de technologies de soutien à cette distribution devraient donc bénéficier de cette situation.
Les investisseurs soucieux de refléter les objectifs de zéro émission nette dans leurs portefeuilles obligataires ont deux moyens à leur disposition : les stratégies de transition bas carbone et les obligations vertes.
Les stratégies de transition bas carbone permettent aux investisseurs de passer d'un engagement et d'une définition d'objectifs de haut niveau à une action concrète au sein d'un portefeuille d'investissement afin de soutenir la transition vers une économie plus sobre en carbone.
Les obligations vertes financent des projets qui poursuivent des objectifs environnementaux spécifiques, tout en offrant l'avantage supplémentaire de disposer d'ICP transparents permettant de suivre l'évolution de ces initiatives vertes. Pour de plus amples informations concernant l'investissement net zéro, consultez nos Perspectives 2025.
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